Quel a été l’impact du dernier confinement sur les activités du groupe Cegos ?

Grégory Gallic : Nous avons bénéficié de l’expérience acquise en 2020 pour maintenir notre rythme d’activité. 850 formations présentielles avaient été lancées dans un format « Classes à distance » en 2020, et nous avions élargi notre offre 100 % distancielle avec la création d’une gamme de 50 formations « full digital » couvrant les thématiques les plus demandées par nos clients. Désormais 95 % de notre offre est accessible en présentiel comme en distanciel. En parallèle, nous avons adapté nos process logistiques et techniques, et accompagné nos formateurs en continu pour concevoir et animer des programmes de formation 100 % digitalisés. En ces temps compliqués pour tous, l’appétence de nos clients pour la formation ne s’est pas démentie : elle est nécessaire pour accompagner tous ceux qui ont dû apprendre à travailler et manager à distance ; elle est un puissant levier pour préparer les équipes et les organisations à la reprise économique.

Comment avez-vous aidé les responsables de formation à maintenir les formations indispensables, malgré la disparition du cours en présentiel ?

Grégory Gallic : Nous avons étroitement collaboré avec nos clients pour transformer leurs dispositifs de formation et adapter nos programmes à une pédagogie distancielle, avec l’impératif de maintenir le niveau d’efficacité et d’engagement des participants. Par ailleurs, nous avons anticipé et planifié les sessions de formation pour qu’elles puissent se déployer aussi bien en présentiel qu’en distanciel. Les programmes ont donc été pensés, d’un point de vue pédagogique, logistique et humain, pour prendre en compte ces scénarios sans perte de performance. Cette souplesse a été très appréciée de nos clients, que nous avons aussi aidé à lever les appréhensions de certains stagiaires face au « tout distanciel ». 

Quels nouveaux besoins sont apparus pendant cette crise ?

Grégory Gallic : Plutôt que de créer des nouveaux besoins, la crise a accéléré des tendances déjà à l’œuvre. En particulier, les formations ou les programmes de transformation dédiés au télétravail, au management à distance, ou à la vente et à la relation client à distance, déjà très demandés, se sont multipliés. Dans ce contexte, notre formation « Leader of the Future » (issue du rachat par Cegos début 2020 de Crescimentum, le n°1 des formations en leadership au Brésil) s’est naturellement imposée. Cette formation internationale au leadership, immersive et 100 % à distance, a déjà été suivie par 10 000 leaders avec des indicateurs de satisfaction extrêmement forts (le NPS est de 90). Son objectif - former des leaders prêts pour l’avenir et capables de naviguer dans un monde incertain - est un enjeu clef pour nos clients ! Durant cinq journées intensives, tous les participants sont « immergés » dans une session animée en anglais, avec des profils venus de six pays différents : France, Portugal, Espagne, Royaume-Uni, Allemagne et Italie. Les participants s’engagent dans un « voyage » unique et transformateur, bien au-delà de la formation en ligne ; ils sont mis au défi, poussés à sortir de leur zone de confort pour révéler leur véritable style de leadership. C’est une expérience intense, pleine d’échanges, de défis, d’émotions, d’insights. 

Quelles sont les innovations apparues pendant la crise et destinées à rester ?

Grégory Gallic : La crise a accéléré lla digitalisation et les tendances déjà observées. Les classes virtuelles auront définitivement acquis leurs lettres de noblesse, pourvu que la qualité de l’expérience digitale soit irréprochable pour garantir l’engagement des apprenants. Leur immersivité peut encore gagner en efficience grâce au story-telling ou à la gamification. Dans ces moments synchrones, il ne faudra pas oublier la dimension émotionnelle qui contribue à faire vivre une expérience marquante, à favoriser l’ancrage de nouvelles pratiques professionnelles et à accompagner le changement. L’usage de la réalité augmentée ou virtuelle pourrait y contribuer. 

En sortie de crise, nous devrons confirmer avec nos clients le pas de géant qui vient d’être franchi en matière de formation distancielle pour bâtir le « blended » (mixant présentiel et distanciel) qu’ils plébiscitaient avant la crise. Il faudra innover dans des pédagogies et des modes d’animation mutualisables sur les deux formats (classe virtuelle et présentiel) avec un souci d’économies d’échelle. Plus que jamais, la valeur d’une formation – sa capacité à produire un résultat tangible sur les pratiques de travail – réside largement dans les interactions humaines entre participants et avec le formateur : elles sont possibles en présentiel comme en distanciel.

Comment voyez-vous l’avenir de la formation ?

Grégory Gallic : Les tendances mondiales en matière de digitalisation, d’automatisation et d’Intelligence Artificielle ont déjà un impact profond sur le travail. Cette situation crée des besoins importants et croissants de transformation des métiers (« upskilling »), ainsi que de professionnalisation ou de reconversion de certains métiers (« reskilling »). Ces tendances constituent, pour la fonction Learning & Development, une opportunité unique de se positionner en fer de lance de la réponse stratégique que leur organisation doit apporter à ces évolutions.

Un leader mondial comme le Groupe Cegos doit pouvoir tirer son épingle du jeu…

Grégory Gallic : Depuis sa création, Cegos a toujours accompagné les grandes évolutions de la société : depuis l’origine sur le thème de l’industrialisation, puis sur celui du management, et depuis 20 ans sur le digital. Pour nous, l’enjeu, c’est de conseiller et d’accompagner nos clients dans ces changements pour articuler les besoins individuels et collectifs, et mettre en place un écosystème d’apprentissage qui vise à la fois le soutien à la performance et le développement des compétences. 

Dans ce mouvement, le consultant formateur voit son métier changer, il devient agent de transformation ; l’ingénieur pédagogique se mue en designer d’expériences au service de la compétitivité de nos clients et de l’employabilité de leurs collaborateurs. Nos programmes de professionnalisation les aident dans cette transition, à travers des modèles pédagogiques innovants et éprouvés (approche 4REAL, sprints d’apprentissage, formats courts 3 h Chrono…), ainsi, bien sûr, que les certifications qui mesurent l’efficacité des formations et la transformation réelle en compétences opérationnelles.